Modification champ de vision en fonction de la vitesse, mise au point

Je sens que la page relative à la modification du champ de vision en fonction de la vitesse n'est pas claire pour tout le monde, et à me relire, c'est vrai que... Bon, je n'ai jamais été un excellent vulgarisateur. Je me propose néanmoins d'essayer de clarifier les choses. Voici un shéma que l'on peut rencontrer sur les sites de vulgarisation de sécurité routière :

Et c'est vrai que vu comme ça, ça fout la trouille...

Application pratique de la théorie du champ de vision

La question est donc de savoir si la théorie de diminution du champ de vision en fonction de la vitesse, peut avoir une quelconque importance en matière de sécurité routière.

A l'aide des règles de trigonométrie, on peut connaître la distance ignorée sur le bas-côté, à partir d'un angle donné. Ainsi, voici ce que donne un champ de vision à 130 km/h sur une route de 7 mètres de large, pour un conducteur situé sur la bande médiane (remarquez mes talents de graphiste) :

On voit distinctement que le conducteur ignore tout ce qu'il se passe sur le bas-côté jusqu'à 13 mètres devant lui. La questionqu'on est en droit de se poser, est de savoir à quelle allure il faudrait rouler pour pouvoir éviter à coup sûr tout obstacle qui surgirait promptement du bas-côté, à 13 mètres de son véhicule.

Les différentes sources de sécurité routière dont le code de la route, nous indiquent que le temps moyen de réaction est de l'ordre de la seconde pour le conducteur attentif, et qu'il faut compter 1 seconde supplémentaire pour effectuer la manoeuvre d'urgence. Il nous faudra donc rouler à 13 mètres / 2 secondes, soit 6,5 mètres / seconde pour pouvoir éviter un obstacle situé à 13 mètres devant nous. Soit 23,4 km/h.

Qu'est-ce que cela veut dire ?

Celà signifie simplement que si l'on circule à une vitesse supérieure à 23,4 km/h, le conducteur shootera de toute façon tout obstacle qui se matérialiserait à 13 mètres devant lui. A partir de 45 km/h environ, il n'aura même pas le temps de freiner. Sachant qu'une route dont les voies font 3,5 mètres est une route limitée généralement à 90 km/h ou plus, soit au minimum deux fois la vitesse à partir de laquelle le conducteur ne peut plus agir, sachant qu'au-delà de 80 km/h, un piéton percuté n'a aucune chance de survie, il convient de savoir si l'on accepte le fait qu'un conducteur ne peut rien faire si quelque chose surgit à moins de 13 mètres de son véhicule, et ce quelle qu'en soit la raison (temps de réaction ou champ de vision), ou s'il convient de limiter l'ensemble des voiries (y compris les autoroutes) à moins de 30 km/h maxi, seuil au-delà duquel un piéton risque d'être tué.