Sécurité routière : bilan définitif de 2008 (2)

Publié le par Winston Smith

12000 vies sauvées. Oui, mais par rapport à quoi ?

image issu de la présentation disponible sur le site de la sécurité routière

A défaut d'obtenir la méthodologie précise employée, on peut essayer d'extrapoler le calcul qui est pris pour arriver à 12000 vies sauvées : on regarde la moyenne annuelle de baisse entre 1973 (ou 72), et 2002 qui sera le point de référence (année prise au hasard, évidemment, ça fait 6 ans tout rond, et ça tombe pile poil 2 ans avant l'installation des premiers radars automatiques et de la politique qui va avec, c'est dire si le choix est pertinent et évident) et on tombe sur 2,5% annuel moyenné sur la période observée.

Là, on prend le chiffre réel de 2002 (on se demande pourquoi on ne prend pas le chiffre calculé à partir de la tendance depuis 1973, surtout que ça permettrait d'annoncer un bien meilleur chiffre que 12000) et on calcule l'écart avec les chiffres réels à partir de 2003. Pareil avec 2004, 2005, etc. Puis on additionne le tout. Paf ! v'là t'y pas qu'on tombe sur 11911 « vies gagnées » que l'on arrondira à 12000 pour simplifier. 

Un esprit un rien chafouin reprendrait le calcul précédent, mais à partir du moment où une nouvelle politique de sécurité routière explique pour 80% ce gain spectaculaire de vies. On partirait alors sur une base 2003 = 0 (même si 2004 correspondrait mieux) « vie gagnée », et on décompterait sur cette base. On obtiendrait alors, avec les mêmes règles de calcul, un total de 3900 « vies gagnées » sur une période 2004-2008. Le résultat reste honorable, mais on voit tout de suite les limites d'un tel calcul : il suffit de choisir une grosse anomalie statistique comme année de référence. En changeant d'un an l'année de référence, on divise par plus de 3 le nombre de « vies gagnées », et l'on passe de 2000 « vies gagnées » par an à 780.

Bon, c'est bien, mais en vrai, ce qui nous importe, c'est le nombre de « vies gagnées » par rapport à l'année précédente, pas par rapport à un point dans le temps choisi à l'arrache comme ça nous intéresse le mieux. Donc, si l'on prend l'année précédente à laquelle on applique le coef de -2,5%, et que l'on compare le résultat avec la réalité, ce n'est plus 2000 que l'on gagne sur la période 2004-2008, mais 750. Sur 2002-2008, c'est 2600...

Donc, annoncer 12000 « vies sauvées », c'est bien, mais il faudrait expliquer ce que représente ce chiffre, pourquoi et dans quel contexte on a choisi ce mode de calcul. En l'état actuel des explications fournies par les présentations des médias et du site de la sécurité routière, la question reste posée.

Publié dans Sécurité Routière

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